En cinéma d’animation, le réalisateur/trice a un rôle assez différent de son homologue du tournage réel : c’est un un touche-à-tout qui doit veiller à ce que chaque département œuvre dans la direction qu’il veut impulser. Il est le garant de la bonne cohérence artistique du projet.
L’intervention du réalisateur est souvent assez longue (elle se mesure en années), ce qui lui garantit une sécurité d’emploi importante. Il va s’investir dans l’écriture, dans le story-board, dans le design, dans la modélisation, dans l’animation afin d’imprimer sa vision du film ou de la série. Cela demande de bien connaître toute la chaîne de fabrication, mais surtout d’être capable de traduire en mots et en dessins ses intentions artistiques afin de les communiquer aux équipes.
➔ C’est au réalisateur qu’il revient de recruter son équipe, en lien avec le directeur de production, notamment les postes d’encadrement (premier assistant, chef story-boarder, chef animateur, monteur) mais aussi les designers et l’essentiel des artistes.
Tout au long de la production le réalisateur est sollicité en permanence par tous et pour toutes sortes de problèmes, des plus triviaux aux plus complexes comme corriger un story-board dont la narration ne fonctionne pas. Il doit également communiquer avec les producteurs, les diffuseurs, les distributeurs, le service marketing et il supervise la fabrication des bandes-annonces et du matériel publicitaire. Le réalisateur joue un rôle clé auprès des diffuseurs et des producteurs : c’est lui qui est le « garant de bonne fin » et qui s’assure que le film ou la série soit terminé dans les temps tout en respectant le budget.
Enfin il s’occupe du casting des voix des personnages en concertation avec le producteur et le diffuseur, et collabore également avec le musicien qui va réaliser la bande-son.
La maîtrise de l’anglais est indispensable pour interagir avec les coproducteurs et les équipes étrangères.
Témoignage :
Pierre-Alain Chartier, réalisateur de films d’animation« Avant d’être réalisateur, j’ai longtemps travaillé comme dessinateur de décors, de personnages et d’accessoires dans le milieu de l’animation, du jeu vidéo et du cinéma… Ces travaux s’apparentaient à ce que l’on nomme maintenant le concept art. Petit à petit, je suis devenu directeur artistique et auteur graphique et, en évoluant vers le métier de réalisateur, également scénariste. Il est important de diversifier ses compétences pour connaitre les différentes étapes de fabrication. De plus, cela permet lorsqu’il y a un « creux » entre deux réalisations, de continuer à travailler comme graphiste, scénariste, coloriste, animateur, storyboarder etc. Si la diffusion des séries est en pleine évolution, le métier de réalisateur n’a pas pour autant beaucoup évolué. Les charges de travail sont les mêmes et le processus de fabrication d’une œuvre audiovisuelle reste relativement identique année après année. Les évolutions techniques de production (2D digitale, 3D temps réel, etc.) doivent être connues du réalisateur, mais elles ne changent pas en profondeur la nature de son travail. Il faut également aller dans les musées, lire et se cultiver. Enfin, il ne faut pas avoir peur de prendre des risques durant sa carrière : l’industrie nous pousse à toujours faire ce que l’on maîtrise. Or il faut accepter de prendre des responsabilités sans être sûr d’y arriver. C’est en se jetant à l’eau qu’on apprend à nager ».