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Scénariste

    A l’origine de tout projet, il y a le scénariste !

    Sans histoire, pas de film, pas de court métrage, pas d’effets spéciaux, rien ! Et si l’on peut apprécier un film aux effets spéciaux de qualité moyenne mais avec une bonne histoire, l’inverse est difficile. On mesure donc à quel point le métier de scénariste est important.

    Le scénario peut être issu d’un livre, d’une œuvre pré-existante (on parle alors « d’adaptation ») ou bien être une création originale, mais il doit avoir une structure. La structure du récit, c’est la colonne vertébrale du film. Grâce à elle on va ressentir des émotions : le héros veut prendre une statuette en or, mais il doit lui substituer un sac de sable de même poids afin de ne pas être transpercé de flèches… Suspense, tension… Il réussit ! Mais alors qu’il a tourné le dos, la grotte dans laquelle il se trouve commence à se désagréger, des rochers lui tombent dessus, des flèches volent… Il doit trouver la sortie pour sauver sa peau (certains d’entre vous auront reconnu un extrait du film « Indiana Jones »).
    Toutes ces péripéties sont imaginées par le scénariste de façon à nous faire vivre un véritable toboggan émotionnel.
    Les dialogues donnent au film sa saveur, sa couleur, sa tonalité. Un bon scénario allie tous ces ingrédients et nécessite beaucoup de travail de documentation et de réécriture pour parvenir au meilleur résultat possible.

    Écrire à plusieurs

    Le scénariste doit avoir plusieurs compétences : savoir écrire des dialogues, construire une structure de récit, faire en sorte que ce qui est écrit soit réalisable… Ces compétences sont très différentes, c’est pourquoi il est fréquent que des scénaristes travaillent ensemble. Les métiers de l’animation sont des métiers de collaboration. Ecrire à plusieurs permet en effet de confronter les idées et de sortir des clichés, qui sont le pire ennemi du scénariste. C’est aussi un moyen de ne pas trop s’isoler car rédiger un scénario est un travail solitaire. Le scénariste écrit souvent de chez lui, il doit donc être autonome, savoir gérer son temps mais aussi entretenir son réseau dont il est très dépendant pour trouver de nouvelles missions.

    Dans une série d’animation, un scénariste écrit généralement plusieurs épisodes sous la coordination d’un directeur d’écriture.
    Aux Etats-Unis, où le secteur du divertissement est très industrialisée, les scénarios d’une série TV s’écrivent en équipe sous la supervision d’un « show-runner » (il n’y a pas tout à fait d’équivalent en France car le show-runner prend en charge non seulement l’écriture de la série mais également l’ensemble de sa fabrication). Ce travail en équipe porte ses fruits : c’est souvent des USA que nous viennent les séries les plus innovantes. En France on y vient peu à peu (« Le Bureau des légendes » a adopté cette forme de travail).

    Comprendre les « droits d’auteur »

    Dans la chaine de fabrication d’un film ou d’une série, le scénariste est l’un des seuls qui ne soit pas soumis au régime des intermittents du spectacle. Mais il n’est pas en CDI pour autant. Le scénariste est payé en droits d’auteur, un statut qui reste précaire. Les paiements s’échelonnent de la manière suivante : un premier paiement à la validation du pitch (ébauche de l’histoire), puis un second à la validation du synopsis (qui correspond à l’histoire sous une forme assez élaborée) puis un dernier lors de la validation de la continuité dialoguée (l’histoire terminée, donc). Ces validations sont faites par le producteur, la chaine de TV, différents intervenants et peuvent prendre beaucoup de temps. Il est donc important d’écrire plusieurs scripts en même temps, en tout cas dans le milieu de la série TV. Mais il y a un bon côté à tout cela : en animation les épisodes sont souvent multi-diffusés. Or un scénariste touche des droits d’auteur à chaque diffusion de son épisode. Voilà qui peut augmenter confortablement ses revenus.

    Une remarque : dans le jeu vidéo, écrire un scénario implique de bien connaitre le fonctionnement des moteurs de jeu, c’est donc une compétence différente.

    Extrait de scénario : « Le jardin des glaces », série Nils Holgersson :


    Témoignage :

    Delphine, scénariste

    Mon rôle est avant tout de comprendre l’intention générale de la série afin de proposer des épisodes qui s’inscrivent dans la même identité. Je suis au service d’un concept et d’un cahier des charges à partir desquels je dois proposer des histoires les plus divertissantes possibles, tout en restant fidèles au ton général et aux objectifs de la série.
    Concrètement, on me confie un document, appelé « bible », qui réunit tous les éléments qui constituent l’identité de la série : concept, personnages, décors, mécanique narrative, etc. Sur cette base, je propose au directeur d’écriture des pitchs (c’est-à-dire des pistes d’histoires en quelques lignes). Dès qu’un pitch est validé par l’ensemble des collaborateurs et partenaires financiers, je peux écrire l’épisode en respectant les différentes étapes : synopsis, séquencier, script dialogué. Étapes qui seront elles aussi soumises à validation.
    Le travail de scénariste sur une série est donc un constant jeu de ping-pong entre les idées de l’auteur et les retours des différents partenaires. Ce qui demande une grande faculté d’adaptation, car il faut être capable de réécrire constamment son scénario.
    Dans l’animation, le scénariste a par ailleurs des contraintes spécifiques qui pèsent sur son écriture : les contraintes liées au genre (il doit tenir compte du jeune âge de son public et adapter ses textes en fonction) et les contraintes techniques car chaque type d’animation (2D, 3D, stop-motion…) a ses propres limites et induit des choix narratifs spécifiques.
    Je ne me suis pas tout de suite dirigée vers ce métier. Après le bac, j’ai d’abord fait une classe préparatoire littéraire (hypokhâgne et khâgne), puis des études de lettres classiques à l’université qui m’ont amenée au métier de professeur de français. Métier que j’ai très vite arrêté pour reprendre des études de cinéma (une licence et une maîtrise). Puis j’ai passé le concours du CEEA (Conservatoire Européen d’Écriture Audiovisuelle). J’en suis sortie diplômée en 2004, après deux ans d’études. J’ai ensuite été lectrice de scénarios, ce qui m’a mis le pied à l’étrier et m’a permis d’obtenir rapidement mes premiers contrats de scénariste.
    Quinze années après mes débuts, je constate que le métier n’a pas énormément changé, hormis une certaine tendance à s’inspirer des méthodes américaines, notamment l’écriture en pool d’auteurs (même si c’est encore très loin d’être la norme en France). Les conditions de travail, en revanche, se sont un peu tendues. Côté technique, l’animation 3D a clairement gagné du terrain, ce qui est un peu plus contraignant en termes d’écriture.
    Le métier de scénariste offre une certaine liberté au quotidien, mais c’est une profession difficile et qui exige une grande ténacité. Si on est sûr de vouloir faire ce métier, il faut croire en son talent, se lancer et si possible intégrer une formation de qualité. Il faut aussi être dynamique et proactif, provoquer les opportunités, créer des contacts, développer ses propres projets… Bref, ne pas attendre que tout tombe du ciel.
    Dans l’animation, les deux premières années sont financièrement les plus difficiles pour un scénariste débutant. Ensuite, la rémunération augmente progressivement grâce aux droits de diffusion que l’on touche à chaque d‘épisode diffusé. On dit qu’il faut en moyenne cinq années pour vivre correctement du métier de scénariste.
    Depuis une quinzaine d’années, l’audiovisuel français subit une véritable mutation. On est très loin de l’époque où le paysage se résumait à six chaînes hertziennes ! Le streaming crée de nouvelles opportunités de travail pour les scénaristes. Dans le même temps, toutefois, le secteur devient de plus en plus concurrentiel, avec un nombre croissant d’auteurs sur le marché du travail.
    Aujourd’hui, dans l’ensemble, l’animation française se porte bien. Nous occupons une très bonne place au niveau mondial, et le public français s’ouvre de plus en plus à l’idée que « film d’animation » ne veut pas nécessairement dire « film pour enfants ».
    L’animation s’impose de plus en plus comme une valeur sûre dans le paysage audiovisuel français.